Abécédaire
à l’usage des esprits intrépides qui rêvent de devenir femme

En quelques mots :

De prime abord, il semble que
la plupart de ceux et celles qui ont fait le choix de devenir femme
aient activé cette option par défaut
voire par accident,
parfois même sans jamais y avoir songé.
Certaines semblent même n'avoir jamais choisi.

Pourtant une observation distraite conduirait n'importe qui
à conclure que désirer être femme semble bel et bien
être une erreur monumentale,
peut être même une faute de goût.

Qui observe la différence des salaires, le poids des charges familiales
ou les espaces sociaux où les femmes peuvent tranquillement
s'épanouir, se convaincra facilement de l'idiotie d'un tel choix.
Et s'y entêter : un manque de logique manifeste.

Notre abécédaire, rudiment très élémentaire qui regroupe un savoir
savamment encyclopédique en 26 occurrences (pour un dictionnaire
de 26 mots, un mot par lettre de l'alphabet ) vous permettra de faire le
tour complet de ce parfois vaste sujet, au plus près de chacune de ses
courbes...
Nos experts vous aideront à conclure à l'inanité d'un choix séduisant
mais inepte. En espérant sauver donc une large frange de l'humanité
qui cesserait enfin de se fourvoyer.

Création 

Ecrite en 2016

Commande de la Cie La Question du Beurre (Grand Est)
Création scénique le 25 janvier 2017 au TCM (Charleville-Mézières)
Production : La Question du Beurre  (compagnie conventionnée par la région Grand Est)
En coproduction avec le TCM (Charleville-Mézières)

L'Équipe

Textes
: Dominique Wittorski et
 Anton Tchékhov
(« Une demande en mariage » traduction et adaptation D.Wittorski)
Conception et Mise en scène : Dominique Wittorski
Interprétation : Charlotte Blanchard (Elle) et Olivier Ythier (Lui)
Création Lumières et Scénographie : Thierry Grand
Conception sonore : Sacha Wittorski
Conception vidéo : Dominique Wittorski

Intentions : 

Notre abécédaire se composera donc de 26 mots. Un par lettre de l’alphabet. A la façon de Pierre Desproges dans son « dictionnaire superflu à l’usage de l’élite et des biens nantis ». Il s’agira, par ce biais, d’instruire en distrayant, de distraire en instruisant.

Il n’est pas nécessaire de s’appesantir sur l’actualité du thème des droits et du statut des femmes dans notre société. Les actualités bruissent quotidiennement d’événements liés à ces questions, qui pourtant ne devraient plus faire débat.

Par contre, quelques mots sur la forme choisie.
L’utilisation d’une forme dictionnaire permet de changer de forme et de point de vue à chaque fois que l’on change de lettre. Un thème, une couleur, une forme pour la lettre A. Et pour la lettre B, autre forme, autre sujet. Ainsi de suite.
A la lettre A : « Adam et Eve » qui permet de poser la question de l’égalité homme/femme, à la lettre B : « le Bovarisme », cette « maladie » que la femme attraperait par la lecture, ce à quoi l’on joint un texte de loi proposé en France en 1801 visant à interdire l’apprentissage de la lecture au femme. Ce n’est pas un hoax. Ce texte a réellement existé. A la lettre J : une chanson. A telle autre lettre, un poème…

L’addition de ces formes, loin d’être un collage approximatif, conduit le spectateur (très heureux de pouvoir minuter le déroulé du spectacle « ah nous en sommes à N, déjà… » « W ! il ne reste plus que 4 minutes… ») a recevoir des informations complexes et éventuellement contradictoires. Cette contradiction n’est pas une faiblesse de la forme, mais au contraire sa richesse. Ce procédé, vieux comme Socrate, se nomme la dialectique.

Un certain nombre de notions pour lesquelles on ne peut cerner en une seule pensée (même longue et développée) toute la complexité des tenants et aboutissants bénéficient de l’usage de la dialectique : en effet, user de dialectique, ce n’est pas dire une chose et son contraire et planter tout le monde-là, c’est au contraire proposer une image (forcément parcellaire) puis une autre image (tout aussi parcellaire) et placer l’auditeur-lecteur-spectateur au milieu de ces deux images. Il est alors à l’endroit où lui-même doit poser une pensée complexe qui permet d’unir les deux images. Cette pensée peut être difficile à exprimer clairement, mais la pensée qui est générée par ces deux images qui expriment parfaitement les contradictions de la vie, est plus riche même que l’addition de deux pensées simples. Ce système est constamment utilisé dans les mythologies, et en philosophie.

En 26 occurrences, nous aurons donc le loisir de nous placer à autant d’endroits paradoxaux de la question de la place de la femme dans notre société. Et le spectateur, qui est un individu libre et dont la pensée se façonne en permanence, taillera sa route réflexive durant et après le spectacle.